Dans la préface de Wilder Mann ou la figure du sauvage de Charles Fréger, Robert McLiam Wilson se lamente de l’état général du monde moderne inondé de données, d’œuvres et de produits vite consommés et vite oubliés. Il blâme en grande partie l’Internet et les médias pour l’abrutissement qui sévit dans l’hémisphère occidental, à tout le moins chez les nantis qui peuvent se le permettre. Il remarque toutefois ce qui pourrait être un contrecoup de cet état de fait, une volonté de plusieurs (surtout des jeunes) de retourner aux sources à la recherche du « vrai » et du « vieux ». Qu’il s’agisse des amateurs de fantasy et de reconstitutions médiévales, des pratiquants de coutumes jugées dépassées, des groupes qui s’opposent au capitalisme sauvage et à la destruction de l’environnement, Wilson y voit un mouvement de résistance. Il reconnaît qu’ironiquement, ce mouvement est fortement alimenté par Internet.
C’est un peu dans cette optique qu’on aborde l’homme sauvage, une représentation culturelle de l’Autre, du primitif. À travers une série de photos époustouflantes de Charles Fréger montrant des dizaines de costumes utilisés aux quatre coins de l’Europe lors de célébrations ancestrales, nous voyons les diverses incarnations du personnage (surtout sous forme d’ours, de chèvre ou de diable). À la fin de l’ouvrage, de courts textes d’Émilie Botteldoorn et de Sabine Mäuseler nous expliquent les différents rôles que joue ce wild man, et la façon dont il représente les rapports entre l’homme et la nature.
En googlant « Charles Fréger wilder mann », vous aurez un excellent aperçu du contenu de ce très beau livre.
Babugeri, Bansko, Bulgarie
Schnappviecher, Tramin, Italie
Dondolaši, Grobsnick, Croatie